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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 03:25

 

 

 

Je mourrai dans des souffrances atroces. Après ma mort, mon corps n'aura point de repos. Puis tu perdras ta couronne. Toi et ton fils vous serez massacrés ainsi que toute la famille. Après, le déluge terrible passera sur la Russie. Et elle tombera entre les mains du Diable.

Raspoutine

 

 

 

 


     

 

 

Si l'on devait citer un personnage dans l'histoire au pouvoir de fascination indéniable et qui se confond le plus avec sa légende, Raspoutine serait certainement nommé en premier . Dostoïevski aurait dit de lui qu'il est l'homme qui s'empare de votre âme et de votre volonté et qui les fait siennes.  

 

Fils d'un maquignon- voiturier, Grigori Efinovitch naquit en l'année 1871 dans les steppes glacés de la lointaine bourgade de Pokrovskoïe en Sibérie occidentale. Sa jeunesse fut marqué par le dur travail de paysan mais aussi par de nombreuse scandales qui lui valurent le surnom de Raspoutine c'est à dire en argot le paillard, le fornicateur.

 

Cette jeunesse mouvementée ne l’empêcha pas de se marier à une paysanne du nom de Féodrovna Doubrovine qui lui donna deux filles, Maria et Vavara, et un garçon, Dimitri.

 

Mais Grigori n’était pas homme à demeurer éternellement dans un village, la soif de pouvoir était en lui et il se devait de l'apaiser.

 

C'est à l'âge de trente trois ans que cette chance lui fut donner sous la forme d'un jeune moine qu'il était chargé d'accompagner au couvent de Verkhotourié,

 

Le jeune homme lors du voyage fut tellement impressionné par la vivacité d'esprit de Raspoutine qu'il lui offrit la possibilité de résider en ce lieu pour plusieurs mois.

 

Ce cloître de Verkhotourié était en réalité aux mains de moines révolutionnaires ayant pour principe la doctrine hérétique des Klystis ou Flagellants.

 

Le principe de cette secte était la félicité de l'esprit et après la mort l'entrée au paradis, pour cela d’étranges cérémonies avaient lieu dans de lointaines campagnes.

 

On prétendait que durant la nuit , hommes et femmes dansaient et chantaient en se fouettant jusqu'au sang, la fin de cérémonie était marqué par des roulements à terre frénétiques et cela dans l'extase la plus complète.

 

De ce long séjour, Raspoutine en tira la conclusion qu'il avait été choisi par le Seigneur et qu'il se devait d'errer pour répandre la bonne parole.

 

 

 

 

L'époque se prêtait à cette sorte de mysticisme typiquement Russe où des hommes de tout âges quittaient familles et terres pour partir vers l'inconnu pour prêcher la bonne parole.

 

Ces errants étaient des Strannikis parcourant la Russie de village en village, fuyant les gendarmes mais trouvant toujours le réconfort et hospitalité chez les villageois.

 

 


Raspoutine et le haut clergé

 

 

De succès en succès, la renommée de Raspoutine le faiseur de miracles grandit, jusqu'à parvenir aux plus hautes autorités ecclésiastiques qui lui conseillent de se rendre à Saint Petersbourg.

 

C'est la gloire, Raspoutine subjugue tout le monde du bas clergé aux archiprêtres. Le père Ivan de Cronstadt, le plus saint homme de Russie est convaincu que cet homme à une étincelle divine en lui.

 

En 1906, on le présente à la cour de Russie.

 

Très vite il est accueilli à la cour du Tsar et foule de ses bottes sales les parquets du palais, vociférant et insultant les personnes qui osent se lever contre lui.

 

Sa principale force réside dans le fait qu'il fréquente le grand duc Nicolas Nicolaïevitch et les grandes duchesses Militza et Anastasia du Monténégro. Un soir, Militza demande à Raspoutine si il peut soigner l'hémophilie, d'une façon imperturbable il répond que oui.

 

Je connais cette maladie. Elle vient par les femmes mais seuls les hommes sont atteints. Les saignements sont redoutables mais il y'a un moyen de les arrêter.

 

Elle demande alors si il peut guérir le tsarévitch atteint de cette terrible maladie, une fois de plus Raspoutine répondra oui.

 

La grande duchesse explique au Tzar qu'il existe enfin un moyen de mettre fin à leurs angoisses, de sauver leur enfant unique. Le sang de l'hémophile ne coagulant pas, la moindre coupure entraîne chez l'enfant une hémorragie qui peut entraîner la mort et le couple ne vit que dans cette crainte.

 

 



La Tzarine et le Tzarévitch



Soupçonneux, Nicolas II demande l'avis de l’évêque Théophane et sa réponse sera sans équivoque :  Vos majestés auront profit à l'entendre parce que c'est la voix de la terre Russe qui s'exprime par sa bouche. Je sais tout ce qu'on lui reproche, je connais ses péchés : ils sont innombrables et le plus souvent abominables.  Mais il y'a en lui une telle force de contrition et une foi si naïve dans la miséricorde céleste que je garantirais presque son salut éternel. Après chaque repentir, il est pur comme l'enfant qui vient d'être lavé dans les eaux baptismales. Dieu le favorise manifestement de sa prédilection.

 

Chose incroyable, mystérieuse, Raspoutine calme les hémorragies de l'enfant. A partir de ce moment Raspoutine devient alors le Staretz, c'est à dire le père.

 

 



Raspoutine en sa demeure ...

 

 

.  Dés lors, rien ne peut plus l'arrêter, il est maintenant le personnage le plus important de Russie, tout le monde se presse en sa demeure sur Anlisky Prospect protégée par vingt quatre agents de la police secrète. Il peut enfin satisfaire ses plus bas instincts avec les femmes , rien ne l’arrête.

 

Il se comportait avec elles avec la plus extrême imprudence et la présence des mères ou des maris ne le gênait nullement. Ses façons auraient offensé même une grue.

 

Mais malgré cela, c’était bien rare que quelqu'un se montrât choqué par son attitude. On le craignait, c'est pourquoi on l'entourait de flatteries et de prévenances. Les femmes baisaient ses mains sales, couvertes de restes de repas, et prêtaient pas attention à ses ongles repoussants. Quand on faisait grief à Raspoutine de son faible pour les femmes, il répondait que ce n’était pas de sa faute, car pour gagner sa faveur, beaucoup de gens influents lui jetaient leurs maîtresses et même leurs femmes dans les bras Elles entretenaient des rapports intimes avec lui, avec le consentement de leurs maris ou de leurs amants.

 

La tsarine est sous son influence, il est l'homme qui a sauvé son enfant et elle chasse impitoyablement toute personne qui se permet une critique à l'égard du Staretz.

 

Chose plus grave, elle le tient au courant des affaires d’état, or la Russie est en guerre contre l'Allemagne. On commence à jaser, on va jusqu'à dire que la Tsarine couche avec ce moine diabolique.  

 

Il échappe de peu à une tentative d'assassinat de la part d'une prostituée qui lui plantera un coup de couteau dans le ventre en hurlant mort à l'Antéchrist ! Raspoutine restera entre la vie et la mort plusieurs semaines mais son incroyable condition physique le sauvera.  

La tzarine considère que Raspoutine qu'elle appelle Notre Ami est envoyé par le ciel pour faire entendre au Tzar la voix du peuple par dessus la lâcheté des courtisans.

 

Il est bien trop puissant, c'est lui qui domine la Russie et le faible Nicolas II n'a jamais été en mesure de se défendre contre lui. Il est au courant des affaires internes, il place même ses créatures au gouvernement, rien ne lui échappe.

 

Quelques aristocrates décident d’éliminer cet homme trop dangereux, parmi eux se trouve un jeune homme de 28 ans, c'est le prince Félix Youssoupoff.

Dans l’entourage de la cour impériale, l’élite de la noblesse gronde contre les avantages accordés à ce parvenu. En pleine guerre mondiale, le bruit a d’ailleurs couru dans l’opinion publique, sans que cela puisse jamais être prouvé avec certitude, que le moine guérisseur espionnait pour l’Allemagne…

 

Les différents scandales qui l’impliquent, ses débauches, où de grands noms de femmes de la haute noblesse sont prononcés, sont autant de gifles portées à la face de l’aristocratie russe. Plusieurs complots se trament contre la vie du moine sibérien.

 

L’un d’eux, particulièrement dramatique, va finir par réussir alors que beaucoup commençait à croire que comme les chats, Raspoutine avait neuf vies, et une chance insolente.

 

Le 30 décembre 1916, à Petrograd, il fut invité à un dîner chez le Prince Youssoupov, un aristocrate hautain et deux autres conjurés, le député d’extrême droite Pourichkevitch et le Grand Duc Pavlovitch.  

 

Le prétexte ?  Youssoupov avait affirmé au moine qu’il souhaitait lui faire rencontrer une jeune personne qu’il poursuivait de ses assiduités. C’est grâce au récit du Prince Youssoupov lui-même, lequel fut marqué pour le restant de ses jours par l’attentat, que l’on connaît le déroulement de la soirée.

 



Le Prince Youssoupov


Le plan était d’une biblique simplicité : on avait choisi l’empoisonnement. Au cours du dîner, tandis que Youssoupov dînait seul avec Raspoutine et que les autres attendaient à l’étage, on servit à Raspoutine plusieurs plats fortement épicés, trois gâteaux à croûte de chocolat et du vin, beaucoup de vin.

 

Dans les gâteaux et dans le vin, il fut glissé une dose de cyanure suffisante, selon Youssoupov, pour tuer dix hommes. Pour atténuer la perception aiguë de Raspoutine, on but beaucoup, l’alcool dissimulant bien le goût d’amande du cyanure.

 

Alors que le dîner s’achève, Raspoutine qui a englouti la nourriture sans paraître incommodé commence à réclamer davantage à boire, affirmant que son estomac le brûle et qu’il respire mal.  Il boit beaucoup de vin pur, très vite, et se sentant mélancolique demande à Youssoupov de lui chanter en s’accompagnant d’une guitare des chansons tsiganes…

 

Eberlué, le prince s’exécute, et Raspoutine se laisse aller à la tristesse. A trois heures du matin enfin, Raspoutine paraissant somnoler, le Prince monte à l’étage demander conseil à ses amis.

 

Après avoir pensé à l’étrangler, Youssoupov descend décidé à utiliser son revolver. Raspoutine est toujours vivant et conscient. Youssoupov lui présente un crucifix en cristal, lui dit de prier et au moment où le moine entame son signe de croix, lui tire une balle en pleine poitrine. Raspoutine s’écroule.

 

Les complices arrivent, on traîne Raspoutine hors de la pièce et de la peau d’ours sur laquelle il s’est effondré, et on ferme la porte à clef.

 

Plus tard, le prince est pris du désir de revoir sa victime. Il prend le pouls qu’il ne trouve pas, vérifie qu’il est bien mort.

 

Au moment où il va sortir de la pièce, Raspoutine ouvre les yeux, et « bondit sur ses jambes, l’écume à la bouche » avant de tenter d’étrangler Youssoupov, tandis que « le sang coule de ses lèvres », et scande le prénom de son assassin, Felix.

 

Il parvient à ramper hors de la maison ; Youssoupov tire quatre coups de feu, et Raspoutine s’abat sur le perron. Le corps est rapporté à l’intérieur et Youssoupov raconte : « ma tête éclatait, mes idées se brouillaient. La rage et la haine m’étouffaient.

 

J’eus une sorte d’accès. Je me précipitai sur lui et commençai à le frapper avec une matraque de caoutchouc, comme si j’étais atteint de folie ».

 

 

Le corps est enveloppé dans un drap, et les complices l’emmènent dans une île sur la Neva, l’ile Petrovsky, d’où ils le lancent, du haut du pont dans la rivière glacée, fortement garrotté, en oubliant cependant de le lester. Il leur faut encore descendre sur la glace qui recouvre la rivière, et trouver une brèche dans la couche gelée pour le glisser en dessous.

 

C’est à cause d’une botte oubliée sur le pont qu’une enquête fut ouverte. Un scaphandrier remonta le corps, gelé et recouvert d’une épaisse couche de glace entourant le manteau de castor de Raspoutine.

 

L’autopsie révéla trois points d’impacts de balles, qui avaient traversé le cœur, le cou et le cerveau. On trouva dans l’estomac « une masse épaisse de consistance molle et de couleur brunâtre », sans doute le poison. Mais surtout, l’autopsie révéla cette chose inouïe, que Raspoutine n’était mort ni du poison, ni des balles, ni des commotions et des coups assénés. La présence d’eau dans les poumons prouve sans appel qu’il respirait encore au moment où on le jeta dans la rivière. Raspoutine était mort noyé, ou de froid.

 

Dans la galerie de ces favoris sulfureux des rois et des grands de l’Histoire, Raspoutine, par sa mort étrange à 53 ans, tient une place à part. Mille rumeurs coururent aussitôt.

 

On affirma qu’il n’était pas mort dans la Neva, mais que par précaution, il n’était pas réapparu au grand jour, et la rumeur a couru jusqu’à ce que l’ouverture des archives soviétiques après 1989 ne vienne établir bel et bien cette mort dont seul les mémoires du Prince Youssoupov faisaient état jusque là.

 

Au point que Raspoutine poursuit son existence ambigüe jusque dans les magnifiques œuvres de Hugo Pratt…

 

Les légendes ont la peau dure, Raspoutine en est la preuve éternelle.



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