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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 16:18
LE " MYTHE " RASPOUTINE


 

Pour certains, Grégory Efimovitch Raspoutine
était un Saint homme, pour d'autres un Fou furieux.


Il est vraisemblable, comme nous le verrons dans la modeste étude qui suit, qu'il ne méritait "ni cet excès d'honneur, ni cette indignité." (Racine)

 

Le 23 Janvier 1871, un météore traverse le ciel au-dessus du village de Pokrovskoïé,
en Sibérie occidentale, à 2500km à l'est de la capitale russe Saint-Pétersbourg.

Il annoncait, disait-on, la venue au monde d'un personnage exceptionnel...
Le même jour ( ? certains réfutent cette date...), dans ce village naît, dans une famille de fermiers,  Grigori Efimovitch RASPOUTINE !

La vie est rude, l'existence rustique ; la vodka une boisson courante très appréciée de tous, jeunes et moins jeunes. L'instruction n'existe pas. Grégori n'apprendra les rudiments de la lecture et de l'écriture qu'au cours de ses voyages, à l'âge adulte.

 

Très vite, on se rend compte qu'il est "différent". Il a un pouvoir d'apaisement, voire de guérison sur les animaux.

 

Au cours d'une baignade dans une eau glacée, son frère aîné et lui sont victimes d'une pneumonie.  Il s'en remet mais le frère meurt.  Il s'en suit pour Grégori une période de dépression et de surexcitation incontrôlables.  Il est seul maintenant pour aider son père dans les travaux de la ferme. Il en conservera toute sa vie les manières frustes du paysan, les vêtements amples et peu soignés, les mains calleuses.  Dès cette époque il a aussi des moments de mysticisme et va à la rencontre des moines sages, les "staretz" pour suivre leur enseignement religieux.  Celà ne canalise en rien son débordement d'énergie et ses pulsions diverses dont une sexualité débordante qu'il assouvit facilement.

Il est d'une stature d'une bonne moyenne mais avec une carrure imposante. Ses cheveux et sa barbes sont longs et mal tenus.  Il a des yeux bleu clair, très perçant,
et le regard hypnotique.

 

A 19 ans il se marie et, malgré ses multiples incartades sexuelles, il aime véritablement sa femme auprès de laquelle il reviendra toujours.  Il effectue de nombreux pélerinages, particulièrement à Kazan et à Kiev.

On vient maintenant de toute la région écouter ses prêches.  Le clergé orthodoxe, inquiet de son succès, ne peut cependant rien trouver à y redire.  Malgré cela il est toujours buveur, bagarreur, séducteur, voire voleur...

Son premier fils meurt à 6 mois ; Raspoutine en est désespéré. Il va trouver l'ermite Makari qui l'apaise et le réconforte, lui conseillant de se rapprocher plus de Dieu.

 

Un jour qu'il travaillait dans les champs, il eut la vision, au bout d'un sillon,

d'une vierge lumineuse, semblable à celle découverte à Kazan.

 




Il raconte sa vision à Makari, qui lui a vécu la religion orthodoxe sur le Mont Athos, en Grèce, à plus de 3000km de là !

Il décide de s'y rendre et quitte sa femme, de nouveau enceinte.

 

En cours de route il va se trouver en contact avec les sectes "Khlysty" qui mêlent, par la danse et l'extase, érotisme et religion... ce qui convient parfaitement à sa nature.

 

C'est là qu'il va effectuer, par le pouvoir de la prière, sa première guérison ; mais il dira toujours  "Ce n'est pas moi qui guérit, c'est Dieu."

Son voyage va durer plus de dix mois et le Mont Athos et ses moines le décevront.

Sur la route du retour il fait halte dans de nombreux monastères et c'est plus de deux ans après son départ qu'il retrouve sa femme et son fils Dimitri, né en 1895.

Il a beaucoup changé ; il ne boit plus et se montre bon père et bon époux.

 

De plus en plus de fidèles viennent à ses réunions amenant des malades sur lesquels il exerce un réel talent de "guérisseur". Sa réputation s'étend jusquà Kiev et Kazan.

En 1898 naissent sa fille Maria et en 1900 son autre fille Varya.

 

Entre temps il effectue toujours de nombreux voyages mais revient toujours auprès de sa famille.

 

 

C'est à partir de l'année 1903, Grégory Raspoutine a seulement un peu plus
de 30 ans, que son destin va changer et va se trouver lié à l'empire des tsars.

A l'invitation de la grande-duchesse Militza, qui l'avait rencontré à Kiev, il se rend, sans se presser, à Saint-Pétersbourg, capitale l'empire russe depuis Pierre le grand.

Son descendant, Nicolas II y règne depuis 1894.

Homme discret, fidèle époux de l'impératrice Alexandra, bon père de famille, mais pas préparé à son rôle d'autocrate.

 

En cours de route Raspoutine s’arrête à Sarov pour assister à la canonisation du moine Séraphim pour une cérémonie exceptionnelle ordonnée par le tsar.



 

 

Devant l'assistance réunie, Raspoutine entre en transe et prévoit la naissance d'un héritier au trône (les époux impériaux ont déjà trois filles).

Le 12 Août 1904, naît le tsarévitch Alexis.

Malheureusement on découvrira quelque temps après qu'il souffre d'hémophilie (son sang ne coagule pas et toute contusion ou plaie apporte des hémorragies difficilement contrôlables et très douloureuses pour l'enfant).

Raspoutine, enfin arrivé à Saint-Pétersbourg, rencontre d'éminents religieux qui le
considèrent alors comme un "envoyé de Dieu".

Puis il retourne au pays et ne reviendra à Saint-Pétersbourg qu'en 1905 au début d'une nouvelle tourmente révolutionnaire.

Après une époque où son comportement et son aspect physique s'étaient améliorés, comme le montre le portrait ci-contre, il retombe vite dans les excès de boisson, de débordements de sa sexualité ; sa tenue vestimentaire sera de nouveau très négligée (malgré de plus riches étoffes)  sa barbe mal taillée et sale, etc...

Par l'intercession de la grande-duchesse Militza, cousine du tsar, Grégori Raspoutine, le "staretz" est présenté à la famille impériale au grand complet, en Novembre 1905, où il offre à chacun des icônes (images pieuses).

 

 


NICOLAS II

ALEXIS

ALEXANDRA

 

 

De retour à Saint-Pétersbourg, en 1906, il est invité à des réceptions mondaines et a de nombreux "disciples", essentiellement des femmes dont beaucoup cèdent à son charme hypnotique...

L'année suivante, le tsarévitch Alexis, suite à des contusions, a des hémorragies internes que les médecins n'arrivent pas à contrôler et qui le font énormément souffrir.
En désespoir de cause, on en avertit Raspoutine que l'on trouve, ivre, dans une taverne.


La nouvelle le dégrise aussitôt et il se rend au palais où, après avoir béni la famille impériale, il entre en prière. Au bout de 10mn, épuisé, il se relève en disant "ouvre les yeux, mon fils".

Le tsarévitch se réveille en souriant et, dès ce moment, son état s'améliore rapidement.

De là, il aura ses entrées permanentes au palais et sera reçu officiellement à la Cour.

***
Il est certain que Raspoutine ne pouvait guérir l'hémophilie. Mais son pouvoir hypnotique est calmant; il permet de ralentir le rythme cardiaque et aide le corps à refonctionner normalement.

***
Auprès de tous il fait preuve de bonté, chaleur, confiance et sérénité.  Il est souvent sollicité, tant par les grands que par les humbles, en raison de sa familiarité avec le tsar et la trarine qu'il appelle "Batiouchka"(petit père) et "Matiouchka" (petite mère).

En raison de cette influence, il est à la fois aimé, détesté et redouté.  Il semble qu'il ait été sincère et ne se soit pas préoccupé de s'assurer une fortune personnelle.  Par contre, il mène toujours une vie dissolue et s'enivre régulièrement.

En 1910-1911, inquiet de l'influence que Raspoutine a pris sur la tsarine Alexandra,
des complots, dans la haute-société, se forment contre lui.

En particulier il s'est attiré l'inimitié du tout puissant et excellent ministre Stolypine
dont un jour, en transe, il prédit la mort prochaine. Le ministre fut assassiné au cours de l'année.

Après un pélerinage en Terre sainte, il est de retour chez lui, en 1912, lorsque tout à coup il ressent un choc intérieur et s'écrie "le tsarévitch est touché".


Le lendemain de cette prémonition, Alexis est effectivement victime d'une nouvelle hémorragie interne très importante risquant d'entraîner sa mort. Il reçoit même l'extrême-onction.

La tsarine fait expédier une dépêche à Raspoutine qui, aussitôt qu'averti, se met en prière devant l'icône de la vierge de Kazan. Quand il se relève, épuisé, il expédie au palais le message : " N'aie aucune crainte. Dieu a vu tes larmes et tes prières. Ne te désole pas ; ton fils vivra."

A la réception l'enfant va déjà mieux et les médecins vont bientôt le déclarer hors de danger!

De ce moment, même les plus hostiles au "staretz" durent convenir qu'il s'était produit là quelque chose de quasiment miraculeux.

 

Dès lors Raspoutine est sollicité par tous, malgré une vie de plus en plus débauchée.

Ses conquêtes féminines, malgré son aspect peu engageant, sont de plus en plus nombreuses dans la haute-société. Paradoxalement il est toujours très "famille" et fait souvent venir les siens auprès de lui quand il est à Saint-Pétersbourg, ou va les voir à Pokrivoskoïé.

 

En 1914 il est victime d'un attentat commis par une ancienne prostituée.  Il est sérieusement blessé au ventre et mettra de longues semaines à s'en remettre.

 

Cependant, il écrit au tsar pour le supplier de ne pas entamer une Guerre désastreuse
que l'on estime imminente,après l'assassinat de l'archiduc d'Autriche à Sarajevo.


Le 1er Août l'Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le patriotisme russe s'exalte,
surtout en raison des premiers succès, et Raspoutine voit sa faveur nettement diminuer. 

 

Mais la situation militaire se détériore rapidement : hiver rigoureux, manque d'armement, d'approvisionnement ; commandement indécis,... 

 

Le tsar, croyant faire son devoir, décide de prendre la situation en mains et s'installe sur le front laissant la régence à la tsarine... et donc à son conseiller privé Raspoutine.

 

 

 

 

Il a aussi de plus en plus d'ennemis, en particulier chez les politiques,

les militaires et dans le clergé orthodoxe qui, au début, l'avait pourtant

bien reçu mais que son inconduite révolte.

 

Les pires calomnies vont alors se répandre en même temps que la guerre tourne au désastre et que le tsar, absent de la capitale, ne peut surveiller la situation politique de près.

 

En 1916, à la "Douma" (Assemblée), la tsarine et Raspoutine sont ouvertement critiqués et accusés (la tsarine étant d'origine allemande) de faire le jeu de l'ennemi.
Raspoutine a de nouveau des prémonitions, cette fois sur la fin désastreuse de la guerre, de la débâcle de l'empire et sur sa propre mort qui précédera e peu la fin du régime impérial.  " Je sens ma fin prochaine. Ils me tueront, et le trône ne durera pas trois mois."

Le prince Youssoupoff, membre de la famille impériale, décide, avec l'aide de trois autres dignitaires, de supprimer le "corrupteur".

Le 16 Décembre 1916 il invite Raspoutine chez lui sous le prétexte de lui présenter sa femme.  Malgré divers avertissements et ses prémonitions, celui-ci décide de se rendre à l'invitation.

 

En attendant la princesse (qui en réalité était en Crimée) , Youssoupoff offre à Raspoutine des biscuits au cyanure... qui n'ont aucun effet sur lui, deux verres de vin empoisonné ...* qui ne font que lui irriter la gorge. Il demande même au prince de lui jouer de la musique sur sa guitare, lequel s'exécute pendant de longs moments, puis, sous prétexte de voir si son épouse allait bientôt venir, il retourne voir ses complices qui, comme lui, sont dans un état d'extrême nervosité...



 

Le prince YOUSSOUPOFF

 

* Mais il n'est pas certain que les assassins aient eu le temps de verser le poison dans le verre...  Le prince redescend alors, muni d'un révolver.

Il attire l'attention de Raspoutine sur un crucifix en cristal et lui demande de prier.
Youssoupoff tire et Raspoutine s'écroule enfin en poussant un rugissement, alors que les autres conspirateurs surgissent.  Un de ceux-ci, docteur, le déclare mort et ils remontent tous pour décider de la suite de leur plan.

Quelques instants plus tard, le prince revient et lorsqu'il touche le corps de Raspoutine,
celui-ci se ranime et il se précipite à l'extérieur.   Les conjurés le poursuivent alors et déchargent leurs révolvers sur le fuyard qui tombe et que l'un deux achève d'une balle dans la tempe
.

On enveloppe ensuite le corps dans un drap, on le leste d'une pierre et on le précipite dans l'eau glacée de la Neva.

Repêché le lendemain, on s'apercevra qu'il a de l'eau dans les poumons, donc qu'il est mort
"noyé" !

Il est inhumé le 22 Décembre dans une chapelle en construction, près du palais de Tsarkoïé Selo (Résidence de la famille impériale).

(Le printemps suivant, sur ordre du Gouvernement révolutionnaire, le corps sera exhumé et brûlé.)

Comme l'avait prédit Raspoutine, le tsar dut abdiquer en Mars 1917, soit dans les trois mois qui suivirent la mort du "staretz"... La famille impériale fut assassinée dans la nuit du 14 Juillet 1918.

 

 

Le "mythe" Raspoutine fut repris, déformé, amplifié, dès 1917 par la Littérature puis, à partir de 1928 par le Cinéma, la Télévision,...
qui en ont fait l'exploitation dans le domaine du fantastique et de l'érotisme !

 

Bibliographie : Raspoutine, par R. Fülop-Miller (1952)
Nicolas II, par Marc Ferro (1990)
Raspoutine, par Jane Oakley (1990)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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